29 juin 2020

Christian, 50 ans de Meunerie, part à la retraite

"En Cette veille de retraite - et non pas vieille retraite - il me semblait opportun de rendre un bel hommage au maître des lieux : Christian.

Il me fallait donc questionner celui qui, à l’aube de ses noces d’or avec la meunerie, s’apprête à raccrocher son bonnet. Rendez-vous fixé ! Une bière à la main - appât idéal - il évoque son métier simplement :

« J’ai la chance d’être toujours passionné »

Boucher, boulanger ou meunier…en 1970, maintenant qu’il a 16 ans, sa maman lui laisse le choix. Ce sera meunier ! 
Avec une déconcertante exactitude, il évoque son entrée le 12 novembre 1970 aux Grands Moulins de la Somme comme balayeur. Il observe, se questionne, puis finit par demander des explications à M. Dufailly, Chef meunier qui lui donne envie d’être plus qu’un simple observateur. 
Très vite, il passe aide conducteur puis 1er conducteur du moulin. Une légère mésentente et un service militaire l’éloignent provisoirement du moulin où il fait son retour en août 1975. Retour succinct puisqu’il arrive à Arnouville le 21 février 1977 accompagné de sa femme Françoise, également employée au moulin. 6h après sa mise en route, il lui dit "On ne va pas rester ici…" !!! Un Démarrage explosif pour un homme au caractère bien trempé ! De ses débuts dans ce petit moulin qui écrase 25qx/heure, il dit "je m’ennuyais". 

Puis, il me parle du nouveau moulin mis en place en avril 85 (n’oubliez pas l’exactitude !). "Partie de plaisir", "Age d’or du moulin"… Avec beaucoup d’émotion, il explique comment, à deux, ils ont tenu un moulin écrasant maintenant 90/95 qx/heure. 
Pas de doute, il revit !

Christian, meunier chez Foricher

Des caprices du moulin, qui refusait qu’il s’absente et le rappelait à lui, il évoque "l’âme du moulin". Ces deux-là se connaissent parfaitement. Le moulin et son meunier se jouent l’un de l’autre. Au fil des ans, il apprivoise sa sirène. Bien qu’au moindre son suspect (inaudible des simples mortels !) il rejoint le fond (du moulin ndlr), il refait toujours surface en ayant identifié et résolu le problème.
D’un échantillon de farine, il sait en un coup d’œil si c’est "sa farine". L’Ouïe, la vue… il vous dira volontiers qu’un bon meunier doit savoir utiliser ses 5 sens pour réussir.  

En 2018, il est récompensé de la médaille d’Or de la Meunerie Française pour ses 48 ans de carrière.
 

Yvon Foricher dira « c’est aussi parce qu’il y avait Christian qu’on a racheté le moulin »

Après des lustres passés au sein du moulin d’Arnouville dont il connut 3 propriétaires, il a su briller par son savoir-faire meunier, son dévouement et son éternelle bonne humeur relevée d’une sauce à l’humour bien pimentée.
Le taquinant en espérant qu’il ne raccroche que le 12 novembre, 50 ans jour pour jour après ses premiers pas sur les planches, il me rétorque "je souhaite profiter de ma retraite"
Amplement méritée, c’est avec le cœur serré que nous allons le laisser filer sans jamais l’oublier.

De cette rencontre, je peux le dire, je sais maintenant d’où vient l’âme du moulin. Bonnet l’artiste et à très vite"

Céline