Marine et son professeur

La belle histoire de Marine, meilleure apprentie de France en boulangerie

Marine Nédélec, la "jeune" quimpéroise devient meilleure apprentie de France en boulangerie. Nous souhaitions lui donner la parole, car elle est une belle ambassadrice de l'avenir de ce métier chez les jeunes.

1.Votre histoire et votre parcours

Je m’appelle Marine, j’ai 20 ans. Fille de restaurateurs et petite-fille de pâtissier, j’ai toujours baigné dans le milieu de l’alimentation.

J’ai commencé ma formation par un bac professionnel en boulangerie pâtisserie sur 3 années et au bout de 2 ans j’ai passé mon CAP boulanger. J’ai également une mention complémentaire en boulangerie spécialisée en alternance. La boulangerie spécialisée se concentre surtout sur les pains du monde, la viennoiserie garnie et les différentes sortes de pains. C’est un peu plus poussé que le parcours initial.

Actuellement je suis en première année de Brevet Professionnel en boulangerie et depuis septembre je suis en alternance dans la boulangerie « La Trébeurdine » à Trébeurdin (Côtes d’Armor). C’est dans cette boulangerie que j’ai commencé la préparation au concours du MAF. Avec Clément Terrier, mon patron, je parlais d’ailleurs du sujet, et puis il me donnait des idées. Par exemple j’avais un pain aromatique à faire et c’est lui qui a trouvé une des épices que je pouvais mettre dedans. Il était ravi que je sois devenue MAF car pour lui, cela est positif aussi pour sa boulangerie et cela fait parler de sa ville.

 Je ne m’arrête pas là car je souhaite par la suite éventuellement faire un brevet de maîtrise.

2. Quels sont vos « modèles », vos sources de motivation, qu’est-ce qui vous a lancé dans ce métier ?

Tout d’abord, ce sont mes parents Frédéric et Corinne Nedelec. Ils sont restaurateurs. J’ai toujours été plongée dans le milieu de l’alimentation. Ils ont également joué un rôle dans chacun de mes concours, ils ont toujours été derrière moi à me pousser, et puis même s’ils ne connaissaient pas forcément le monde de la boulangerie, ils me soutiennent et ils sont fiers.

Il y a également mon grand-père paternel, Claude Nedelec qui lui était pâtissier et qui est un de mes plus fidèles soutiens.

Au début j’aimais surtout la pâtisserie, mais au fur et à mesure du bac pro, j’ai découvert la boulangerie, et au final je me suis plus penchée vers cette voie-là.

Mes modèles sont forcément les MOF, quand on voit ce qu’ils réalisent, ce qu’ils postent et ce qu’ils partagent c’est sûr que ça donne envie. 

Mon rêve serait d’ouvrir mon entreprise, peut-être dans ma région, et pourquoi pas tenter un jour le concours des meilleurs ouvriers de France.

3. Comment avez-vous préparé le concours ? Comment avez-vous géré le stress ? Quelle a été votre méthode ?

Mon professeur du lycée des métiers Saint-Joseph à Pont Carnot, Dominique Jegousse connaît très bien les concours. Cela m’a beaucoup aidé. Pour réussir au mieux, il préparait des dates d’entraînements. Au début c’était le samedi, sur nos week-ends. Ensuite, après les cours du vendredi soir, on venait dans les laboratoires pour faire de la mise en place, et le samedi je passais la journée à m’entraîner. Suite à la situation sanitaire, la date du concours de MAF initialement prévu, a été décalée. Lorsque nous avons repris les entrainements, je travaillais, il a donc fallu que j’aille au lycée sur mon jour de repos, le jeudi. 

La préparation du concours a duré, en comptant le décalage, facilement 1 an. Avec la date décalée, je devais normalement passer mes épreuves au mois de mars l’année dernière. Je devais aussi passer le concours départemental puis régional, mais j’ai passé finalement les deux en même temps au mois de novembre 2020. Pour ce qui en est du national qui devait avoir lieu en novembre, je l’ai passé au mois de février 2021. 

Le plus pénible ce n’était pas la pression présente sur une longue durée mais surtout d’avoir été dans le flou, de ne pas avoir eu de dates précises et de ne jamais savoir si ça allait se faire ou non : l’incertitude a été plus pénible que la pression.

Pour la gestion du stress, j’ai la chance de ne pas vraiment stresser. Je me dis que le stress va me rajouter une pression en plus et me faire courir le risque de faire mal. Je pense que ce sont mes parents qui stressent plus que moi. Je n’ai pas de méthode spéciale, je me raisonne en me souvenant que nous avons fait beaucoup d’entraînements. Réussis ou pas, ces entrainements me font prendre conscience de mes erreurs : cela m’apprend pour le jour-j et je ne referai pas la même erreur. Le travail, la préparation, voilà les clés pour évacuer le stress.

J’ai commencé les concours en participant au Meilleur Jeune Boulanger au niveau national novembre 2018 où j’ai fini 2ème et ai été qualifiée pour le Meilleur Jeune Boulanger International en janvier 2019 où j’ai eu le prix de la meilleure brioche. 

En janvier l’année dernière, c’est avec le lycée que nous avons participé à la coupe de France des écoles en catégorie espoir et nous avons gagné. 

Je devais actuellement faire une pause mais finalement on m’a peut-être relancé sur un autre concours.

4. Ce qui vous plait le plus dans ce métier ?

Ce qui me plaît le plus, c’est le travail de la viennoiserie. C’est quelque chose que j’ai toujours aimé, rechercher les formes, les associations. 

Dans le métier en lui-même c’est le travail des mains, c’est un métier manuel et j’aime beaucoup.

5. Quelles qualités faut-il pour faire ce métier ?

Pour travailler dans ce domaine il faut vraiment être motivé. Au niveau des horaires ce n’est pas forcément un métier super simple, mais c’est une habitude à prendre. C’est un métier de passion donc on finit par s’y habituer et ça ne nous dérange pas forcément au final. 

Il faut également être appliqué et patient car le travail que l’on peut faire un jour obtiendra seulement un résultat le lendemain, et c’est à ce moment-là que nous pouvons constater que notre travail a été bon.

6. Comment vous voyez l’avenir du métier de boulanger ? 

C’est un métier en pleine évolution. J’espère avant tout, que dans le futur et les années à venir, la boulangerie ne soit pas trop industrialisée, que l’on garde « ce métier manuel » avec les artisans qui font tout à la main, tout fait maison et que cela garde sa qualité et son charme.

Quand on voit la concurrence qu’il y a, ce n’est pas simple de trouver des solutions pour faire évoluer les boulangers pour que ça marche. Il faut rester motivé pour éviter que cette concurrence nous passe devant. L’avenir de la boulangerie ne me fait pas peur, elle a encore un bel avenir.

  • Allez-vous voyager grâce à ce métier ?

Voyager c’est pas mal parce que chaque pays a sa culture, sa vision de la boulangerie, donc c’est toujours intéressant d’apprendre différemment dans les autres pays.

7. Que voulez-vous dire aux jeunes comme vous pour les attirer dans cette branche ?

Je dirais que c’est un métier de passion, qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer, parce qu’une fois qu’on est parti dedans on a du mal à décrocher. Être passionné permet de réussir.

C’est également un métier d’avenir qui est accessible à tous, avec l’envie comme moteur. On peut y arriver seul mais être soutenue est vraiment un gros avantage. Il y a beaucoup de difficultés au niveau des horaires ou du poids des charges donc si on est accompagné, le mental suivra derrière. 

8. Quels sont vos prochains défis ?

Je voudrais déjà finir mon BP l’année prochaine et passer d’autres concours si je peux.

Les concours représentent pour moi des expériences en plus, sur le CV c’est aussi un plus, et cela peut également me préparer au MOF. J’envisage de le faire quand je serai prête, car cela demande quand même une préparation de 1 ou 2 ans à temps complet.

 

9.Le témoignage de Dominique Jegousse professeur de boulangerie au lycée professionnel Saint-Joseph à Concarneau (Finistère) sur Marine Nédelec

Un enseignant heureux. 

Quel parcours professionnel impressionnant ! Avec Marine, on a commencé par le MJB Boulangerie départemental en aout 2019 pour finir en février 2021 par le titre de meilleur apprenti de France boulangerie 2020. Marine est une personne qui ne lâche rien et quand elle commence quelque chose c'est pour aller au bout.

Comment j’ai accompagné Marine ?

Je l’ai aidé à prendre confiance en elle et je lui ai montré que le métier de la boulangerie n'était pas réservé au sexe masculin. Quand je constate tous les sacrifices que Marine a pu faire (je ne compte plus les samedis passés à l’école pour les différents entrainements du concours), je suis heureux de voir des jeunes avec cette envie de bien faire.

Une anecdote ?

La petite anecdote que je garde en tête avec Marine, c'est le nombre de kilomètres que l'on a fait ensemble (train/voiture) et qui doit se situer entre 9000 à 10000 kms. Sans oublier la formidable rencontre avec les parents de Marine qui m’ont fait confiance pendant tout le parcours.

Le plus de Marine ?

Dès qu’on lui montre quelque chose une fois, elle le reproduit en mieux en visant toujours la perfection) Je lui souhaite de réussir le plus loin et le plus haut possible dans cette profession. 

 

Marine a répondu à notre QUIZ : 

Sucré ou salé : Sucré

Couleur : Vert : couleur de l’espoir

Saison : L’été

Sans modération : La famille

Film culte : Pas de film

Pain préféré : Baguette de Tradition, pain simple mais quand il est bien fait c’est un très bon pain

Plat préféré : La tarte citron meringuée

Un bon repas ne se fait jamais sans Pain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Qu'en pensent les Parents ?

Nous avons donné la parole à la Maman de Marine - Corinne

"Quand Marine a décidé d’aller en boulangerie on l’a laissé faire, on l’a laissé choisir. C’est vrai qu’il y a eu de l’hésitation entre la boulangerie et la pâtisserie mais ça n’a pas duré très longtemps au final. 

Elle a un frère jumeau, Thomas qui est MAF aussi mais en cuisine.

Sa petite sœur, Julie, de 11 ans souhaite elle devenir pâtissière. Elle nous a suivi quand nous accompagnions son frère et sa sœur dans tous les concours qu’ils ont fait. 

Marine, c’est « Madame Concours »

Ces moments, ce sont finalement des bonheurs familiaux que l’on a tous partagé ensemble.

C’est un réel investissement des parents. Cela ne nous a pas dérangé de fermer le restaurant 3 jours pour accompagner Marine en concours à Lyon, au Sirha… On leur a toujours dit qu’on les suivrait, on est présent. 

Ils connaissent l’envers du décor puisqu’ils avaient 3 ans et demi quand on a repris ce restaurant-là, donc ils n’ont connu que ça. On aurait peut-être pu les « dégoûter » avec le fait de travailler avec des horaires compliqués, le week-end, le soir, ce n’est pas toujours évident pour des enfants mais on leur a inconsciemment donner envie.

Nous sommes nous-même passionnés par ce métier. Frédéric a un père pâtissier, chef de fabrication. Sa mère était aussi très bonne cuisinière et il est « tombé dans la gamelle » lui aussi quand il était petit. Moi (Corinne) j’ai découvert ce métier en arrivant dans la filière hôtellerie et Frédéric m’a fait découvrir ce métier et depuis on partage tout.

Tous les concours que Marine a gagnés, « papi » a dit « c’est génétique ». Lors de la finale du meilleur Jeune Boulanger, on est arrivé à Bobigny. Tous les buffets des concurrents étaient exposés avec des numéros, et quand Frédéric a fait le tour, il a reconnu les produits de Marine, « On aurait dit les produits de mon père ». Les parents sont fiers mais les grands parents aussi.

Le plus dur dans l’accompagnement de Marine a été de trouver de « bons » patrons pour  qu’ils acceptent son absence pour ses concours. 

C’est grâce à Gildas Onofre qu’elle travaille à la Trébeurdine. Nous tenions à le remercier.

On souhaite en tout cas à nos enfants tout le bonheur dans leurs métiers de passion car il ne faut pas oublier que ce sont des métiers durs. Il y a de plus en plus de femmes en boulangerie mais pas tant que ça non plus. Marine doit faire sa place.

Pour réussir, il faut être un minimum entouré, l’entourage familial joue, comme pour reprendre une boulangerie par exemple il faut déjà être à deux. 

Que nos enfants continuent comma ça, on est toujours là et on suivra."